Olivier GARAND
La réalité n’a pas de limites.
Si les images naissent en nous, quel rapport entretiennent-elles avec la réalité ?
La réalité n’a pas de limites, dit le philosophe taoïste Zhuang Zi, autant dire qu’elle est la mesure même de notre imaginaire. Les images que l’on s’invente sont ainsi l’expression de visions qui hantent nos constellations intérieures et nous délivrent, comme le notait André Breton, du désespoir d’avoir à compter avec le temps humain. Sans limites, donc…
Le visionnaire est assurément un rêveur habité par une nécessité et une exigence : la transparence absolue de ses architectures oniriques et le dévoilement de l’émerveillement qui les porte. Chez Olivier Garand l’ordre purement émotif est de toute évidence hors de propos. Le « sensible » seul, par ce qui le lie à l’entendement humain, peut prétendre rendre visible – et donc compréhensible– la vérité de nos désirs enfouis. Il s’agit donc ici de faire surgir comme par enchantement des chimères dont on ne sait si elles descendent du ciel ou émergent des ténèbres...Minéral ou végétal, déserts ou habités, les paysages que parcourt Olivier Garand semblent ainsi avoir été imaginés pour conjurer le chaos du monde qu’on pressent. Nymphes, biches, lapins et autres batraciens s’y côtoient dans une liberté apparente qu’on ne saurait cependant réduire à quelque affirmation esthétique. Les formes et les couleurs importent peu lorsque la vie frappe à la porte et entre par effraction dans l’antre des possibles. C’est la sensibilité viscérale qui affleure alors dans la conscience périphérique des lendemains incertains. Ainsi dans le silence assourdissant des flots de rivières improbables, des nuages aux élixirs de lotus et des fleurs arborescentes des pays de cocagne, la peinture d’Olivier Garand se comprend d’abord comme un défi à l’abîme qui ne cesse d’être relevé.
Indéfiniment relevé.
Rémy Ricordeau
Espace Commines 2006 Installation Jean-Marie Pigeon